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Me, Myself and I
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Me, Myself and I
11 mars 2009

Autoportrait.

Entre mes mains le cogito ergo sum
se façonne en un j'écris donc j'existe
.





Je suis une grande rêveuse.
Aussi surement que l'on passe à côté de sa vie j'aime à penser que la mienne recèle une destinée incroyable. Souvent incomprise, du moins j'aime à me croire incomprise et compliquée, je trace d'une encre indélébile les contours encore incertains de ma vie. A l'encre de mes larmes et de mes joies, à force de souffrance et de détermination je grave et défait impunément les souvenirs qui font que je suis celle que je suis.
Grande romantique, je me peint tantôt en Juliette langoureuse tantôt en l'héroïne d'un roman de Nicolas Fargue. Ces romans où chaque lignes, chaque mots peignent fébrilement la difficulté de la rupture. La rupture avec celle que je fus, la rupture avec celui que l'on aime encore ou bien la rupture de nos rêves.
Grande sentimentale, j'attends encore mon prince charmant pensant parfois l'avoir aperçue dans ce fameux RER qui m'amène chaque jour un peu plus vers le rêve que je me suis construis, ce chemin qui façonne celle que je deviendrais. Parfois, je pense l'avoir trouvé dans ce train, incarné dans la personne de ce séduisant jeune homme qui me sourit. Parfois, ces quelques regards échangés, ces regards discrets et furtifs que l'on croit apercevoir nous appelle à rêver de cet autre que l'on ne connait même pas. Ce regard, sorte de promesse incertaine d'un avenir désirée à deux se termine bien vite. Excipit soudain de cette histoire encore incertaine et chancelante, excipit précipitée par la descente forcée du train, de ce train qui nous amène chez nous, auprès de toutes ces personnes qui sont censées compter pour nous. Parfois encore, je me surprends à espérer qu'il viendra m'interpeller, encore haletant de la course qu'il vient de faire pour me rejoindre, qu'il viendra me demander mon prénom, comme la volonté encore timide d'esquisser maladroitement les traits de cette histoire prédestinée à être éphémère et sans avenir. L'amour c'est souvent comme les voyages en train.
Grande lectrice, j'aime me peindre au grès de mes lectures. Souvent, héroïne d'un autre temps, tantôt héroïne d'un Voyage dans le passé de Kakfa d'autres fois encore pétasse dévergondée de l'Attrape-cœur de Salinger. Autant de contrastes qui font de moi une fille incroyablement désespérée, parfois amourachée de je ne sais quel jeune homme, souvent énigmatique je suis toutes ces facettes du moi. Aussi réel que le cogito ergo sum je ne m'arrête pas au propre reflet froid et unique que mon miroir ose insidieusement me transmettre sans prendre garde à la déception que je vais ressentir face à mon portrait beaucoup trop banal à mon goût. Je suis ce moi au multiples facettes. Je suis ce moi en contradiction avec elle-même, perdue dans la complexité de sa propre personne, coincée dans les dédales et les états d'âmes de son esprit.
Grande idéaliste, je me complets dans la recherche effrénée de cette sacro-sainte perfection forgée par les principes immuables que m'a enseigné ma courte existence. Idéalisée à travers la figure de mon père, je tente tant bien que mal d'être cette fille parfaite. Amer échec, affreux constat que de se rendre compte que l'on ne sera jamais à la hauteur de ce père, de cette figure que bien malgré nous on élève dans les sommets de la perfection et de l'infaillibilité humaine.
Écrivaine à mes heures perdues; je m'écris. Ces longues et incalculables insomnies, ces incessantes réflexions nocturnes et toutes ces peines et souffrances d'une adolescente paumée ont fait de l'écriture mon exutoire. Mélodie d'une fille incertaine, symphonie d'une fierté maladive et peinture de ce mal-être qui berce ces années de basculement entre l'adolescence et la vie adulte. Tous ces cris polyphoniques que mon âme dissimule le jour se libèrent et chantent en cœur le soir venu. Détresse involontaire et inavouable, l'écriture est ce rien, ce rien simple ne demandant qu'une feuille et un stylo, qui remplit ma vie, qui remplit la vie de milliards personnes désireuse de s'oublier un instant, de s'inventer ceux qu'elles ne sont pas.
Je suis une grande fille et j'ai appris à me délecter de tous ces parfums que cette grande fourmilière parisienne offre à mon odorat anesthésié jusqu'alors par la routine quotidienne d'un environnement bien trop familier. Je vagabonde sur les quais de Seine à la poursuite de ce «truc» insaisissable et indéfinissable, enivrant au point d'en avoir le tournis, à la recherche de ce qu'IL a été pour moi dans le passé.
Pourtant, je sais que la langue française continue de me façonner. Aussi vraie que l'œuvre d'art prend forme sous les mains habiles de l'artiste, ma vie se dessine sous l'égide de ces mots trempés de sanglots, maquillés par les rêves et les espoirs de la femme-adolescente que je suis.
C'est dans ces pages griffonnées à la hâte sur les vitres d'un bus que je retrace ces passages incertains et si vite oubliés d'une existence. Je recherche ce que je suis en sachant qu'aussi longtemps que je vivrais je n'aurais pas d'autre choix que d'écrire, pour le meilleur comme pour le pire.

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