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Me, Myself and I
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20 décembre 2008

La diversité et l'égalité des chances : offrir un nouveau visage à la France ?

La République est une et indivisible



Je me suis dit que pour une fois il était temps de me renouveler, en parlant un peu de politique. J'ai eu l'occasion, n'allons pas jusqu'à dire la chance, de participer à la conférence donnée par notre Président sur le thème de la diversité et de l'égalité des chances.

Son discours plein de références à la construction de la République, à sa volonté passée et désormais présente de vouloir toujours plus d'égalité entre les citoyens, était en soi un beau discours. Mais bon, d'autres sont là pour l'écrire pour lui alors heureusement que ce fut un beau discours !

Pour autant, sur le fond, les réformes et les plans mis en oeuvre restent minces et faibles. Concrètement, à part son affaire de quota il n'y a rien de nouveau. Ouvrir les grandes écoles ? Certes, mais d'autres comme Sciences Po (dont je suis élève), ou Henri IV, l'ont plus ou moins fait. Leur système de recrutement d'élève venant de quartiers, ou lycées en difficulté, est concluant, tous ceux qui y rentrent s'adaptent généralement très bien au nouvel environnement. Mais, est-ce que c'est cela que l'on veut ? Toujours plus de quotas parce que sinon il est impossible d'imposer un Noir à Sciences Po ? Imposer un quota pour permettre à un Arabe d'embrasser une carrière d'ingénieur dans la plus prestigieuse école qui soit, Polytech' ?
Voyons, Monsieur le Président, j'ose vous apostropher au son des mots de Danton, de l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace !

Pourquoi ne pas permettre à des jeunes de banlieue de passer le concours d'entrée à Sciences Po, comme n'importe quel élève normal, en préparant en amont, avec l'aide de professeurs motivés une formation que beaucoup ne peuvent se payer ? Pourquoi ne pas intégrer directement des élèves de lycées en difficultés dans les plus grandes prépas parisiennes (ceux que Saint-Louis fait déjà!) au lieu de leur proposer une année d'intégration ? Est-ce qu'on les prend pour des cons ? Les croyez-vous moins intelligent ?
Après toutes les années que j'ai passé en banlieue, non, je suis désolée Monsieur le Président les ZEP ne sont pas plus stupides que vous, non, ils ne sont pas moins motivés et non ils n'ont pas moins d'ambition que n'importe quel élève avec une vie dorée.

Face à ces propositions je suis restée sans voix. Il prone l'élitisme républicain au détriment de l'égalitarisme, en gros, permettre à un petit nombre de s'en sortir au détriment des autres, les plus pauvres surtout ? Il ne faut pas se leurrer, ceux qui réussissent les concours de ZEP à Sciences Po, ou les grandes prépas à Paris, sont dans leurs banlieues les mieux lottis. C'est dire ! C'est dire, et expliquer que dans les banlieues même il existe désormais une hiérarchisation des masses. Il est fini le temps de l'uniformisation du peuple, certains plus que d'autres ont la chance d'avoir des parents qui considèrent l'école comme un moyen d'intégration et de réussite sociale, et qui leurs donnent les moyens et l'amour pour y parvenir ! Je ne remets en aucun cas la faute sur les parents, Dieu sait combien ils triment pour payer les factures. Pourtant, il est nécessaire de comprendre la réalité des choses.

Alors, non, Monsieur le Président vos réformes sont encore bien trop minces pour pouvoir servir à quelque chose. Non, tout cela ne ménera surement à rien, parce que vous oubliez la majorité de ces jeunes qui ne pensent même pas à rentrer dans une grande école, non pas par manque d'ambition mais par manque d'envie. Certains ne se voient pas cinq ans en université ou en école d'ingénieur.

Alors, oui, vous pronez pour une ouverture de la fonction publique à la diversité, oui, vous espérez voir plus de préfets noirs, et de ministres arabes mais et les autres ? Je reste encore profondément choquée par votre discours. Tous ces autres qui ne voient plus l'école comme le moyen de réussir ? Tous ces autres qui ne font même plus partis du système scolaire, on en fait quoi ? On les abandonnes parce que de toute manière on a réussit à mettre un arabe ou deux à la tête d'un ministère ? On les abandonne parce que la France a désormais à sa tête une femme dont le nom sonne africain ? Arrêtons l'hypocrisie et rentrons dans les vrais sujets. Apprenons à tous ces enfants à aimer l'école, donnons leurs l'envie de voir l'école non pas comme une prison mais comme un refuge pour leurs problèmes. Développons l'écoute au lieu de la punition.
Peut-être que je vis encore dans mon monde utopique, jeune Française d'origine berbère, descendant de parents illétrés mais fiers, je trace mon bout de chemin dans la haute sphère de l'élite française. Mais on oublie jamais d'où l'on vient et je refuse que l'on me catalogue comme une jeune "beurette qui a réussit et s'est accrochée à l'école".

De l'audace, encore de l'audace, toujours de l'audace ! Comme dit Kery James "
j'ai envie d'être plus direct, il est temps qu'on fasse de l'oseille".

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