Les rêves de mon père.

"Car je me sentais désormais trop bien dans ma solitude, l'endroit le plus sûr du monde pour moi"

"Sa foi en la justice et la rationalité était une erreur, que nous ne pouvions pas en sortir vainqueurs, que toute l'éducation, toutes les bonnes intentions du monde ne pouvaient réussir à combler les trous de l'univers ou nous donner le pouvoir de changer son cours aveugle et machinal"

"Cette peur constante et rampante de n'être chez moi nulle part, qui me faisait croire que, à moins d'esquiver, de dissimuler, de faire semblant d'être celui que je n'étais pas, je resterais pour toujours à l'extérieur, toujours soumis au jugement du reste du monde"

"L'amour lui-même était terni par le désir de trouver en l'autre un élément qui nous manquait à nous-même"

"Et peut-être que c'est ainsi que commence l'amour, par des impulsions et des images floues qui nous permettent de traverser notre solitude, qui sont ensuite transformées et prennent corps"

Barack Obama

Désormais tout le monde connaît Barack Obama comme étant le premier Président noir des USA. Mais il a aussi écrit un livre, son autobiographie appelé les rêves de mon père. Le langage est simple, les termes concis mais clair, le ton joyeux mais parfois désespéré. J'ai aimé ce livre parce qu'il dépeint le tiraillement d'un garçon métisse qui se sent pris entre deux cultures, deux feux, deux visions d'un même monde qui semble pourtant contradictoire.
De sa jeunesse, il ne retient que peu de choses, ou du moins que l'essentiel. De son père, quelques bribes d'images gravés dans sa mémoire, quelques paroles échangés lors d'une rencontre ô combien trop courte. Surtout, lorsqu'il perdra ce père. Ce père il l'a idéalisé toute sa vie, sa mère, son grand-père tous l'ont rendu au rang d'icône à suivre pour Barack Junior. Et si la vérité était tout autre? Si ce père parfait n'était en réalité qu'une fausse image ? Celle d'un homme faillible comme chaque homme de cette planète, comme chaque être qui peut se prétendre humain ...
C'est un merveilleux voyage que nous propose Barack Obama, parfois un peu trop court sur certains aspects, parfois beaucoup trop long sur d'autres, mais c'est un joli condensé d'images et de souvenirs, de batailles et de luttes, de victoires et d'échecs. Dans une société où l'histoire a encore une importance majeure, il y pose des questions concrètes sans toujours pouvoir y donner une réponse, mais qui le pourrait ?
Oui, j'ai été ému par son livre, ému par son histoire qui est un peu celle de tous enfants d'immigrés. Comme le Gone du Chaba d'Azouz Begag il tente de montrer que l'école peut-être synonyme de réussite comme synonyme de découragement et d'échec.
Par la fresque de sa jeunesse, il tente de trouver des réponses à sa vie, sur son père. Par son voyage au Kenya il se rendra compte qu'il est loin d'être l'homme parfait dont tout le monde lui fait l'image, et si après tout son but c'était de se défaire de cette image idéalisée pour construire la sienne ?
Recherche perpétuelle d'une image paternelle, recherche éternelle d'une identité propre, il donne aux lecteurs les moyens d'aimer ce qu'ils sont, et ce qu'ils représentent. Il nous donne l'envie de croire et de dire "Yes, we can" ...